Sissy l'impératrice, la technopouf refoulée
- alice.mry
- 31 mai 2023
- 2 min de lecture
Dernière mise à jour : 16 nov. 2023
Le 24 avril 1854, Vienne célèbre le grand mariage de Joseph, 23 ans, l’homme à la tête de l’empire austro-hongrois avec Sissy, 16 ans. Il devait épouser la grande sœur de Sissy mais a finalement changé d’avis à la veille de ses fiançailles. Sissy, quant à elle, a grandi dans la campagne, est passionnée par la poésie et vient de vivre une déception amoureuse ; le mariage ne l’intéresse donc pas vraiment mais elle n’est pas en mesure de le refuser.
En bref, ce qui devait être un ticket d’entrée sur l’autoroute du kiffe impérial s’est révélé être une descente aux enfers pour une femme anticonformiste, désireuse de liberté et d’amour. Entre une belle-mère envahissante, ses devoirs de représentation, les conflits politiques de l’empire, sa vie n’a pas été un long fleuve tranquille. La perte de l’une de ses filles et le suicide de son fils héritier du trône l’ont rendu tragique. Même sa mort a été tragique, Sissy est tuée par un anarchiste italien avec une lime plantée tout près du cœur. Et pour finir, l’empereur veuf refuse d’exaucer sa dernière volonté (reposer en paix au bord de la mer Méditerranée) pour la faire inhumer dans la Crypte impériale de l’église des Capucins à Vienne.
Le 24 avril 2023, je marche dans la cour du Palais de la Hofburg de Vienne et Sissy est partout dans la ville : sur les tableaux, les sculptures, même les chocolats. Plus de cent ans ont essuyé ses chagrins et sauvés les apparences, il ne reste plus que les parures, les dorures et une fascination générale pour sa beauté. En revanche, l’empire Austro-Hongrois a perdu de sa superbe. Les grandes guerres sont passées par là et ont fait de lui un chapitre révolu de l’Histoire. Et me voici au milieu de tout ça, sillonnant les rues de Vienne, Budapest et Prague aux côtés de mes amis en Erasmus. Chaque soirée amène la découverte d’un lieu insolite, une nouvelle rencontre en langue étrangère et une anecdote amusante. Certes, aucune de ces joies éphémères ne rempliront les livres d’Histoire. Mais je suis persuadée que Sissy aurait préféré danser au bord du fleuve jusqu’à 7h du matin avec nous, plutôt que d’accompagner sa sœur rencontrer son fiancé.
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