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La révolution des héritiers de nœuds

  • alice.mry
  • 15 nov. 2023
  • 3 min de lecture

Dernière mise à jour : 15 nov. 2023

J’ai quitté ma psy par texto et ça me fait poser plusieurs questions. Est-ce que j’ai tellement avancé dans ma tête que je n’ai plus besoin d’elle au point de quasi la ghoster ? Est-ce que cette façon de mettre un terme à nos rendez-vous ne serait pas plutôt une preuve que j’ai encore du chemin à faire ? Est-ce qu’elle est triste de ne plus me voir ? Est-ce qu’elle voudra bien me reprendre quand je serai en manque… Je plaisante. Vous l’aurez peut-être compris, ce billet d’humeur aborde la santé mentale. Avant-propos : ce texte vous est proposé par une personne dont les études de psychologie se résument, entre autres, à des discussions interminables entre Biches et des litres d’encres écoulés dans des carnets classés sous scellés.


Il y a quelques semaines, j’ai rencontré un jeune militaire de presque deux mètres qui a vraiment l’air de piloter des avions de chasse. Bref, un homme qui représente tout ce qu’il y a de plus masculin et viril sur notre planète. Et bien, il m’a confié - je n’ai aucun scrupule à mettre vos petits secrets sur internet - qu’il voyait une psy et j’ai beaucoup aimé l’image qu’il m’en a donné : c’est un massage du cerveau. C’est tout à fait ça ! Les séances de psy permettent de trouver des nœuds et d’essayer de les démêler. Ou en tous cas, on tente de comprendre comment ils sont arrivés là et comment les porter avec nous sans qu’ils représentent une charge trop lourde dans notre vie. Oui parce qu’en terme de nœud, on ne parle pas d’une fourche au bout d’un cheveu mais bien du nœud de chaise de marin noué par une corde de 25 kilos et 24 cm de diamètre.

Souvent, ces nœuds sont énormes parce qu’ils sont transmis de génération en génération. Certains ont le privilège d’avoir un héritage qui se mesure en millions d’euros, d’autres en tonnes de nœuds. C’est ce qu’on appelle le « trauma dumping » qui se traduit de l’anglais par « je suis ton parent et je n’ai pas conscience de tous mes traumatismes car je n’irai jamais voir un psy et même si je t’aime, je vais tous te les donner et t’en faire découvrir des nouveaux, tu vas voir c’est amusant. » Ceci est un appel à la révolte. Soyons la barrière du trauma dumping, banalisons le fait d’aller voir un psy.

Suivre une thérapie ne devrait pas être un sujet délicat à aborder, on devrait pouvoir le dire aussi librement qu’on va voir un film au cinéma. Cela devrait être normal. J’irai même plus loin, cela devrait être valorisé. En tant qu’employeur, je jetterais davantage mon dévolu sur un CV avec la mention « a suivi une thérapie » plutôt que « ne s’est jamais remis en question et n’a fait aucun travail d’introspection et n’a pas dépensé un centime dans le domaine ». Peut-être que si on avait été plus regardant sur la santé mentale de certains PDG quand ils n’étaient encore que des stagiaires, Twitter s’appellerait encore Twitter.

Personnellement, les green flag qui n’ont pas l’air d’avoir besoin de suivre une thérapie je m’en méfie comme du loup blanc. Vous vous prenez pour qui. Et c’est là qu’on passe dans la perversion de la chose. L’injonction de la santé mentale à tout prix. Il ne faudrait pas remettre en question son propre bonheur parce qu’on n’a pas un budget psy mensuel conséquent. Et de l’autre côté, il ne faut pas snober ceux qui n’ont jamais eu cette démarche. Tout est OK.


Donc si je résume : nos parents auraient dû voir un psy, c’est ok d’aller en voir un aujourd’hui, c’est ok d’être heureux sans jamais avoir fait de thérapie et pour finir ce par quoi j’ai commencé, c’est ok de quitter sa psy par texto.

 
 
 

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