Le musée devrait être gratuit pour les PNJ

J’ai repris le cours d’une vie normale avec des activités normales à des horaires supposés normaux. Aujourd’hui, j’écris car je n’ai plus rien à raconter.

Je suis arrivée à Paris à l’aube de mes 27 ans et ça y est, j’ai un CDI de jeune cadre dynamique, un appartement, un amoureux, une peau devenue terne. J’ai déjà couru un semi marathon et j’évite l’alcool en semaine. A mon tour de regarder les story instagram de gens que je connais trop peu, se la couler douce sous le soleil. C’est moi qui compte les jours jusqu’à la fin de la semaine, à répétition. Je sais l’heure qu’il est, à l’heure qu’il est. Ma seule entorse à la banalité est de ne jamais boire de café. 

Autrement dit, je suis devenue un personnage non-joueur. Un PNJ qui sert de figuration dans les jeux vidéo car son destin est complètement scellé par un scénario pré-écrit (et bâclé) par les concepteurs.

D’habitude, j’aime bien essayer de trouver de la poésie dans la simplicité et l’insignifiance. J’ai écrit un texte où j’enjolive un sandwich jambon beurre, un autre où l’ennui devient une bénédiction. Je pourrais me prêter à l’exercice de rendre cette nouvelle vie de PNJ attrayante. Je pourrais essayer de me convaincre que c’est ça la clé du bonheur : se satisfaire d’un quotidien lissé auquel j’étais destinée depuis des décennies. Mais je n’ai pas trouvé de sens à cet ordre nouveau. Je n’y ai pas encore trouvé ma place. J’espère me planter complètement. Je me tiens peut-être trop près du tableau comme on s’approche souvent à tort de la peinture d’un impressionniste. Je ne vois que des points de lumière mais il me faudra du recul et du temps pour comprendre qu’ensemble ils forment un grand tout, qui fait sens. Pour moi en tous cas. TRUST THE PROCESS.